Compte rendu de l’université européenne d’été du réseau OFFRES
par Chiara Mengozzi (CEFRES / Université Charles)
Du 5 au 12 juillet 2017 une vingtaine de professeurs et une cinquantaine de doctorants et d’étudiants de master venant de 20 pays d’Europe centrale et occidentale et du Maghreb se sont rencontrés à Prague à l’occasion de la XVIIème édition de l’Université européenne d’été (UEE) du réseau OFFRES (Organisation francophone pour la formation et la recherche européennes en sciences humaines). Issue d’une collaboration entre plusieurs institutions (le CEFRES, l’Université Charles, l’AUF, l’Institut culturel Roumain, l’Institut culturel Italien, PARCECO et l’Association étudiante Praxis), cette université d’été a été organisée afin de répondre à l’urgence théorique, éthique et politique de reconceptualiser la place de l’homme sur la planète. S’il est vrai que la technologie et la transformation de la nature ont toujours été parties intégrantes du procès d’hominisation, les modifications introduites par l’homme dans les dernières décennies ont connu un saut quantitatif et qualitatif capable de bouleverser les conditions mêmes de la vie sur la terre. La prise de conscience des effets désastreux de l’action de l’homme sur la nature, tels que le réchauffement climatique, la prolifération des déchets toxiques, l’épuisement des ressources énergétiques, la dégradation de la biodiversité, l’exploitation et la manipulation indiscriminées des espèces animales et végétales, nous incite à remettre en question la vision purement utilitariste de l’environnement, à repenser le clivage entre l’humain et le non-humain, à élargir notre conception de l’éthique. Dans le but de développer une critique convaincante de la thèse de l’exception humaine et de concevoir le rapport entre les humains et les non humains en termes de communauté de destin, les conférenciers invités ont approfondi trois parcours thématiques complémentaires (le rapport à la nature, la frontière entre l’homme et l’animal et la perspective post-humaine) et entamé un dialogue fécond entre les sciences humaines – philosophie, études littéraires, sciences politiques, rhétorique, éthique, anthropologie, etc. – et les sciences de la nature, notamment la biologie et l’éthologie.
Comme dans les précédentes UEE du réseau OFFRES, le travail s’est organisé en conférences plénières (le matin) et en ateliers thématiques (l’après-midi). Ces derniers – adressés aux doctorants et ayant comme objectif principal l’élaboration de communications orales et la rédaction d’articles scientifiques – se sont déroulés en parallèle sur toute la durée de l’UEE et ont permis aux étudiants d’approfondir, sous la directions de deux directeurs, six problématiques liées au thème général de l’UEE : l’approche phénoménologique de la différence anthropologique, la déshumanisation de l’ennemi en contexte de violence politique, la désobéissance civile en faveur des non-humains, le concept du spectre/revenant dans la philosophique contemporaine, les figures du « pré-quasi-post humain », telles que le mutant, l’androgyne, le surhomme, l’avatar, le monstre. Présentés par les participants durant la séance conclusive de l’UEE et suivis par un fructueux débat, les résultats des ateliers seront retravaillés sous forme écrite en vue d’une publication sur le site de l’OFFRES et dans des revues internationales. La rédaction de textes scientifiques à plusieurs mains – pratique fréquente dans les sciences exactes, mais extrêmement rare dans les sciences humaines – représente l’une des originalités de cette université européenne d’été, permettant à de jeunes chercheurs de s’initier à la recherche et au travail en équipe.
Si vous désirez connaître en détail le contenu de cette université d’été, nous vous invitons à suivre les sites de l’OFFRES et du CEFRES : l’enregistrement des conférences et des résultats des ateliers sera bientôt disponible en ligne.